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Bagarre familiale
Mes ancêtres Pierre ARNOULD et Jeanne ROBERT

Pierre ARNOULD, à 47 ans, a épousé Jeanne ROBERT une jeune fille de 22 ans.
Celle-ci est la dernière née d'une famille de 4 enfants, nés du premier mariage de sa mère avec Rigobert WERION, un laboureur du hameau de Tendrécourt, dépendant de Vrigne-Aux-Bois.
Veuve, sa mère, Marie-Anne CHATEL, se remaria avec Jean ROBERT, lui aussi laboureur.
Le couple vivait semble-t-il au hameau de Tendrécourt.

J'ignore la date de décès de Jean ROBERT, mais il semble qu'à compter de celui-ci, Jeanne et son époux, se soient installés, avec Marie-Anne CHATEL, dans la ferme de feu Jean ROBERT.
Seule héritière, Jeanne n'a en effet pas eu, contrairement à ses frères et soeurs, à partager le bien paternel. La jalousie a peut-être aiguisé la violente querelle qui opposa Jeanne et sa demi-soeur Marguerite WERION, et dont la justice a conservé des traces.

Toujours est-il que le 20 messidor de l'an VI ( 1798), Jeanne ROBERT, ainsi que son époux, portent plainte devant le juge de paix du canton de Donchery pour "excès et voies de fait envers Jeanne ROBERT, à l'encontre de Marguerite WERION, femme de François FORTIER, laboureur à Issancourt". La comparution des témoins eu lieu le 29 messidor de l'an VI en la salle basse de la commune de Donchery, "lieu ordinaire des séances".

Le premier témoin est Marguerite CAMION, épouse SANTERRE, ferronnier. Elle est âgée de 42 ans.
Le second témoin est Marie Anne TITEUX, épouse de Edouard MESSIPHET, ferronnier. Elle est âgée de 25 ans.

Le troisième témoin est Alexisse CANNEPIN, épouse de Jean-Baptiste GOURMET, ferronnier. Mais elle a été récusée par les défendeurs, pour cause de parenté avec la demandeuse, elle est en effet sa cousine germaine.
Le quatrième témoin est François MARTINET, fils mineur, âgé de 13 ans, de Nicolas MARTINET, ferronnier.

Le cinquième témoin est Jean-Ponce AUBRY, tailleur d'habits, âgé de 41 ans.

Le sixième témoin est Jeanne MOUSSEAUX, fille mineure, âgée de 12 ans, de Charles MOUSSEAUX, maçon.
Le septième témoin est Catherine LEBOEUF, fille majeure, âgée de 33 ans.

Le huitième témoin est Marie Anne MATHIE, épouse de Nicolas HIVERT, ferronnier.

Tous les témoignages sont concordant et peuvent être synthétiser ainsi qu'il suit :

Jeanne ROBERT débattait des oeufs dans un plat, tandis que Marguerite CAMION, présente sur les lieux, tenait la poële sur le feu.
Il semble que Jeanne était en train de s'expliquer (de se disputer, selon Marguerite WERION) avec sa mère à propos de draps que cette dernière "aurait pris de son lit pour en substituer d'autres en place".
A cet instant est entrée Marguerite WERION, et "sans aucun motif ni raison", a frappé Jeanne d'un "coup de pied par derrière dans les parties". Jeanne se relevant chercha à prendre sa soeur par les cheveux, mais celle-ci fut plus rapide et de suite a empoigné Jeanne, lui a poché l'oeil, et l'a tellement arrachée "que le sang en a coulé", avant de "jeter la tête de Jeanne contre la porte d'une grande armoire où les scellés étaient apposés". Le coup fut si fort, que les scellés ont été rompus, et que la serrure de l'armoire s'est détachée. Marguerite CAMION, tentant de s'interposer reçu elle aussi deux coups de poing. Pierre ARNOULD, tentant d'intervenir, fut, sitôt entré dans la pièce, vertement interpellé par Marguerite WERION, qui "lui dit de foutre le camp, qu'il n'était rien à la maison !". Ce qu'il fit, ne voulant pas envenimer la situation...

L'instruction du procès a été transmise au commissaire du directoire exécutif, et les parties enjointes à se rendre à l'audience du 3 Thermidor de l'an VI.

Laquelle audience renvoya le dossier au tribunal correctionnel de l'arrondissement de Sedan, parce que "les délits dont il s'agit sont susceptibles de supporter une amende au-dessus de la valeur de trois journées de travail".
Marguerite WERION y fut convoquée pour le 13 Fructidor à 10 heures du matin, afin qu'il soit statué sur son cas.

Les archives n'ont malheureusement pas conservé le document final de cette affaire, et je ne sais donc si ladite Marguerite WERION a été condamnée...

 

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© Lucile Houdinet - 2004