Histoire d'une vie :
Alexandre Liégeois

Après leur mariage (voir l'histoire de leur rencontre), Alexandre et Elisa habitèrent plusieurs endroits à Sedan, puis Alexandre, toujours audacieux, décida de se construire une maison.

Il se porta acquéreur d'un terrain vague, sur l'emplacement d'un ancien fort du château dont les souterrains servirent de caves. Il n'éleva d'abord qu'un rez-de-chaussée suivi d'un magasin à matériel (il était, tout comme son père, plafonnier-platrier), puis surmonta ensuite le tout de deux étages, et prit des locataires qui lui assurèrent un certain revenu.

Il ajouta ensuite une fosse septique, puis un clapier et un poulailler. Il planta dans le jardin qui faisait suite à la maison, des pommiers et poiriers, fit courir une vigne sur le mur qui le séparait de la propriété voisine qui venait de se construire.

A gauche, à droite, en face, d'autres maisons et bâtiments furent élevés, et la rue commença à prendre forme. Elle fut bientôt baptisée Hué-Tanton, du nom d'une donataire.

Cette maison est restée dans la famille Liégeois. Elle est actuellement la propriété d'un frère et d'un neveu de ma grand-mère, qui la rachetèrent par moitié au décès de mes arrières-grands-parents. Cette maison familiale vit naître, ou mourir, pratiquement toute la famille.

Léon, le fils aîné d'Alexandre, y mourut en 1895, de la tyhphoïde à l'âge de 15 ans.

Sa soeur Jeanne y décéda à 17 ans, "partie de la poitrine" comme on disait à l'époque, pour parler de la tuberculose. Elle fut soignée avec tendresse par sa soeur aînée Lucie qui eut le courage de lui confectionner une jolie robe qu'elle mettrait au printemps prochain, lorsque, disait-elle, elle serait guérie. Hélas, elle ne vit jamais ce printemps, et décéda le 2 décembre 1906.

Leur frère Emile, né en 1884, fut tué à Xanrey le 14 août 1914, lieutenant au 26ème Régiment d'Infanterie de Nancy. Jeune marié, il n'avait pas encore d'enfant.

Auguste, mon arrière-grand-père, né en 1892, s'était marié en 1912 avec Céline Laloy. Il fut fait prisonnier le 13 avril 1915 à l'est de Verdun, il était sergent au 147ème Régiment d'Infanterie.

Les deux frères et le beau-frère de Céline étaient également au front.

Les années d'angoisse et de privations avaient commencé...

Souvenirs de 1914-1918 par Auguste LIEGEOIS