Merci de respecter
ce travail et la mémoire de ma mère, Colette Chopplet-Houdinet,
qui en est l'auteur. Ne vendez pas ces informations, citez vos sources si vous
utilisez ces documents. Un petit mot pour me faire connaître l'usage ou
l'utilisation que vous pourriez en avoir serait aussi le bienvenu.
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Lonny en 1459
I - La forteresse, les fossés et les viviers
Aucun
renseignement n'est donné sur la forteresse du seigneur de Lonny. Mais
les recherches dans les actes et sur le terrain permettent cependant de la connaître.
Il s'agit du lieu dit actuellement "le Vieux-Château".
En 1459, ce château
de Jacques de Villers doit avoir un peu plus de 200 ans. Je le pense construit
par son ancêtre Sybille de Château-Porcien, dame de Montcornet, épouse
d'Enguerrand de Coucy avec lequel elle vécut un tumultueux roman. (1)
Sans doute daté entre 1110 et 1130, il offre une grande similitude de plan
avec celui de Coucy dans l'Aisne...
C'est une cour fortifiée, un quadrilatère
irrégulier dont les murs mesurent extérieurement environ 60 mètres,
55 mètres, 53 mètres et 40 mètres. A chaque angle, une tour
carrée de 7 mètres de côté. Une tour supplémentaire,
le donjon, flanque à mi longueur, la courtine sud, protégeant le
logis seigneurial qui y est appuyé. Les écuries adossées
à la courtine nord, pour les chevaux du seigneur, et une grange au bout
de la cour. La courtine est partout épaisse de 2 mètres, crénelée
et nantie de meurtrières.
Le pont-levis s'ouvre au milieu du flanc ouest, protégé par une
porte fortifiée à une meurtrière, crénelée,
et surmontée d'un pavillon pour la garde.
Construit à la lisière d'une
forêt (passablement défrichée depuis) qui a l'énorme
avantage de protéger contre une éventuelle attaque venue de la Sormonne
(trajet habituel des envahisseurs nordiques...), le château tire sa défense
de l'eau, fossés et viviers qui l'entourent : c'est le point le plus creux
du territoire, à proximité immédiate du ruisseau et des lieux-dits
la Noette et les Evéis (qui signifient prairies humides et marécages).
Le château est établi
en un lieu humide où sourdent des filets d'eau qui alimentent en eau vive
les fossés entourant la forteresse.
Fossés "assez profonds" et maçonnés, dit le rapport
de 1794 (op. cit.). Selon les mesures actuelles, ce sont des fossés larges
de 15 mètres et sur lesquels les tours avancent de 3 mètres (2)
Dans la description du château d'Harcy qui appartenait au même Jacques
de Villers, il est précisé que les fossés contiennent des
poissons. Il est très probable que les fossés de Lonny étaient
eux aussi peuplés de poissons. (3)
Les viviers proches de la forteresse ne
sont plus guère reconnaissables. Etait-ce (à la place de l'actuel
bassin du jardin de l'autre côté de la rue) "la demi lune"
devant le pont-levis ? Etait-ce derrière le château, cette zone marécageuse
où courent des ruisselets ?
En tout cas, ils participaient à la défense du château.
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Notes :
(1) Voir Notice sur le château de Lonny
(Colette Chopplet) ; Revue historique ardennaise, Tome I, p. 311 : rapport de
l'adjoint du génie Harmois aux administrateurs du district de Charleville
1794 ; divers relevés cadastraux.
(2) Aujourd'hui, ils sont rebouchés et
transformés en jardins.
(3) Au 17ème siècle, le 12 mars
1675, René d'Espinoy, seigneur de Lonny vend tous les poissons de son étang
des Agaces, pêchés avant Pâques, au meunier de Ham les Moines,
Jean Jacquemart, à charge pour lui, avant la fin du Carême, de remettre
"dans le canal demi lune et fossés qui sont aux environs de la maison
dudit seigneur" 500 belles carpes, 300 médiocres et un millier d'alevins,
sous le contrôle du jardinier seigneurial qui s'assure que tous ces poissons
sont vivants. (Archives départementales des Ardennes, E883).
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