Merci de respecter
ce travail et la mémoire de ma mère, Colette Chopplet-Houdinet,
qui en est l'auteur. Ne vendez pas ces informations, citez vos sources si vous
utilisez ces documents. Un petit mot pour me faire connaître l'usage ou
l'utilisation que vous pourriez en avoir serait aussi le bienvenu.
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Lonny en 1459
II - Les bouveries, les jardins et les courtils
Une
bouverie est une ferme d'élevage de bovins : des bufs élevés
comme animaux de traits mais aussi pour la viande, et surtout des vaches pour
le lait, le beurre, le fromage dont on fait grande consommation.
Y avait-il des bâtiments de ferme ? Les animaux logeaient-ils dans la cour
du château pendant la mauvaise saison ?
Appartiennent à ladite bouverie, environ 81 hectares, dispersés
"en plusieurs lieux" (à noter, la grande superficie de ces propriétés,
même si elles sont morcelées) : 76 hectares de terres cultivées
en blé et avoine, et 5 hectares de prés permanents. Ce sont sans
doute ces prés, le long du ruisseau d'Ormeau, encore appelés aujourd'hui
"la grande bouverie" (derrière le château) et "la
petite bouverie" (devant le pont-levis).
Les jardins et courtils (1) sont rattachés
à la bouverie, si l'on en croit leur présentation dans le texte
de 1459, et sans doute parce qu'ils sont placés sous la responsabilité
du chef de la bouverie.
Dominant le fossé sud et gravissant
la pente, pompeusement appelée "la Montagne", le courtil de Lonny
était entouré d'un mur de pierres sèches dont les ruines
existent encore aujourd'hui.
Les Révolutionnaires, à la vente des propriétés seigneuriales,
décrivaient ainsi le vieux courtil :
"Un jardin contenant 4 jours [environ 1 hectare] plantés
en arbres et 140 verges [environ 60 ares] de bois, le tout clos d'un mur".
(2)
Et le cadastre de 1811 classait en vergers les parcelles longeant le chemin, tandis
que derrière était le "bois-taillis".
Un plan de 1748 (3) montrent des planches
très bien agencées, des allées nettes, le tout formant une
terrasse supérieure qui domine le fossé sud. Sans doute en était-il
ainsi au Moyen-Age et trouvait-on dans ce jardin des choux et des fèves
(qui remplaçaient nos pommes de terre), des herbes médicinales dont
la dame, traditionnellement, s'occupait elle-même, des arbres fruitiers
en espaliers blottis au soleil contre les murs.
Pendant longtemps, s'est maintenue à Lonny la coutume de
tailler et d'attacher des arbres en espaliers et chaque façade avait le
sien (un poirier le plus souvent). Et pour accueillir un nouveau venu un village
(surtout s'il avait quelque importance), les notables se devaient de lui faire
porter un panier de fruits. (4)
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Notes :
(1) Le terme "courtil" englobe, dans
le nord de la Champagne et les Ardennes, le jardin potager et la cour de la maison
rurale, espace réservé notamment à la volaille et aux instruments
aratoires.
(2) Archives départementales des Ardennes,
Q.409
(3) Archives nationales
(4) Mémoires de Jean Laurent Saingery,
1832 (in Archives privées De Meaux)
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