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Un village au Moyen Âge

Merci de respecter ce travail et la mémoire de ma mère, Colette Chopplet-Houdinet, qui en est l'auteur. Ne vendez pas ces informations, citez vos sources si vous utilisez ces documents. Un petit mot pour me faire connaître l'usage ou l'utilisation que vous pourriez en avoir serait aussi le bienvenu.

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Le terroir de Lonny en 1459
I - Les lieux-dits, la superficie

Si l'on recherche dans le texte de 1459, les mentions de lieux-dits, on peut cerner le terroir du village :
Le seigneur exploite directement, outre les 99 hectares déjà cités dans les deux fermes, 15 hectares de prés environ (pré Renault et pré Cornette), et "certaine quantité de terres", nommée les Taillis où les bêtes vont pâturer du 1er mai au 1er octobre, non loin du grand vivier aux Taillis.

Pour le reste du pays, sont évoqués "les prés de Veaulx" et 3 terres, la "terre à la Croix", la "terre de la voye du Chastelet" et une "pièce de terre à La Marlière, au-dessus de Lonny". Ces terres sont, comme c'est la coutume, tantôt labourées, tantôt laissées en friches, pour les reposer.
A cela s'ajoutent des prés, terres et jardins de moindre importance et cités en bloc, sans autres détails, sans mention de lieu.

Ces lieux-dits, qui se retrouvent aujourd'hui pour la plupart, sont assez éloignés les uns des autres pour qu'on tire une conclusion : la surface du village était sensiblement la même que maintenant.
Tout le sud est occupé par le domaine du seigneur et la forêt, quelque peu défrichée depuis.
Les rives des ruisseaux sont occupées par les prés permanents.
Les terres citées en cultures se trouvent au nord de la ligne formée par les ruisseaux de l'Ormeau et des Ebouilleaux.
Les limites sont marquées à l'ouest par le Chauffour et la Marlière ; à l'est par le pré Cornette (actuel pré Cornet, sur la rive gauche de l'Ormeau) et la terre à la Croix, le long de la route de Renwez qui s'appelait alors Chemin de Montcornet.

A cette première approche, on peut ajouter un calcul plus précis.


II - Répartition des surfaces
On sait qu'à cette époque, les villages étaient traditionnellement divisés en trois parties :
1/ la réserve du seigneur qui comporte le château et ses dépendances (moulin, pressoir, four, jardins, potagers, terres labourables que le seigneur fait directement exploiter pour son compte)
2/ les terres louées aux habitants et comprenant les maisons, les jardins, les courtils, les prés et les terres cultivées
3/ la partie commune : bois, terres incultes, eaux, marais, qui font partie du domaine seigneurial, mais sur lesquels les habitants de la seigneurie ont des droits d'usage très étendus.

On retrouve effectivement ces trois parties à Lonny :
1/ la réserve du seigneur comporte la forteresse, ses viviers, la ferme d'élevage des bœufs, la petite ferme céréalière, le moulin, les pilons à huile, le four, avec les terres et courtils qui en dépendent.
Antoine de Croy donne la superficie des terres, des prés et certains courtils (un total d'un plus de 114 hectares environ), mais pas celle des bâtiments eux-mêmes, ni des viviers, ni même de certains courtils.
On peut essayer de remédier à cette lacune par des déductions :
la forteresse, fossés compris, devait faire (selon les restes actuels) environ 70 ares
les bâtiments de chaque ferme et du moulin, avec leurs jardins, pouvaient couvrir 1 hectare chacun, soit 3 hectares
les viviers autour de la forteresse (au moins deux puisqu'on en parle au pluriel) et l'ancien grand vivier aux Taillis doivent former environ 5 hectares en tout (1 hectare pour chacun des viviers de la forteresse, 3 hectares pour celui des Taillis). (1)
On arrive donc pour cette partie de Lonny, seigneuriale, à une superficie totale d'environ 123 hectares dont 9 ou 10 hectares sont utilisés pour des bâtiments, en partie à la disposition des habitants du village (forteresse, moulin, four, pilons à huile, les Taillis...)
Ce qui ramène donc à 113 ou 114 hectares la zone strictement seigneuriale.
2/ les terres louées aux habitants
Elles se reconnaissent aisément, ce sont celles pour lesquelles se paie le cens.
Sont ainsi citées, mais sans évaluation de surface, "les prés, terres, courtils, masurages et jardins".
Il faut donc essayer de déduire la superficie.
 
A - Les maisons :
Selon la loi d'Aubenton (qui régit probablement Lonny) (2), chaque bourgeois reçoit, pour sa maison et son jardin, 21 verges de terrain (soit 903 m²), et cette tenure est grevée de 12 deniers de "location" payables, moitié à Noël, moitié à la Sait-Jean
Or, à Lonny, chaque bourgeois doit effectivement payer 12 deniers par an, moitié à Noël et moitié à la Saint-Jean. On lit aussi qu'il y a environ 60 bourgeois.
La partie habitée de Lonny (maisons et jardins) correspondrait donc à 60 fois 21 verges, soit 1260 verges (environs 5 hectares et demi).
 
B - Les terres et prés :
Il est dit que les habitants paient de cens sur leurs propriétés 16 deniers et 12 chapons et 14 poules.
On connaît, par ce même document, le prix des poules (6 deniers pièce), et des chapons (12 deniers pièce). Les habitants payent donc l'équivalent de 244 deniers.
Selon la loi de Vervins (3), le cens de prés est de 1 denier par fauchée (34 ares 40). Les habitants paient 244 deniers, ils auraient donc 244 fauchées, soit environs 4 fauchées par famille (1 hectare 1/2). Nous aurions donc une surface totale d'environ 84 hectares.
Par ailleurs, le curé paie 18 deniers pour sa maison et 26 deniers pour son courtil soit une surface de 26 fauchées (8 hectare 94). La grange Pronzet paie 8 deniers (8 fauchées = 2 hectares 75). Le pré de Veaulx paie 4 deniers (4 fauchées = 1 hectare 37). La terre à La Croix paie 2 poules soit 12 deniers (12 fauchées = 4 hectares 12). La terre de la voye du Chastellet paie 2 poules et 6 deniers, soit 18 deniers (18 fauchées = 6 hectares 19). Nous arrivons donc à un total de 68 fauchées soient 23 hectares 37.
A quoi il faut rajouter la Merlière qui ne paie que selon ses récoltes.
Nous avons donc, pour l'ensemble des terres et prés des paysans, 107 hectares 37, et 5 hectares 1/2 pour les habitations paysannes. Soit 113 hectares environ plus la Merlière.
Soit la même superficie que la zone seigneuriale.

Nous pouvons conclure que Lonny possède en tout 236 hectares défrichés.

3/ Zone commune
Antoine de Croy cite "les rivières, la chasse, les paturages et autres aisements en bois (4)..."
Aucune évaluation ne vient donner d'idée de la superficie. Mais on peut dire, selon le partage rigoureux et traditionnel du territoire en trois parties égales, que cette partie commune mesure sans doute 113 hectares.
Ce qui nous donnerait une superficie totale du terroir de Lonny égale à 339 hectares :
Zone construite : 14 ha 1/2
Zone cultivée ou prés : 226 ha
Rivières, bois, pâquis, etc. : 113 ha ?
Zone totale : 339 ha

Pour comparaison, en 1815, on arrive aux chiffres approximatifs de :
Zone construite : 7 ha 1/2 (sans les anciens de 5 ha)
Zone cultivée ou prés : 240 ha
Bois, pâquis, taillis : 25 ha
Zone totale : 281 ha


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Notes :
(1) Dans le même dénombrement d'Antoine de Croy, on trouve un vivier à Harcy qui fait 1 hectare, un autre (celui de Doby) fait 3 hectares ; à Renwez, un vivier fait 1 hectare 1/2).
(2) La loi d'Aubenton régissait Renwez, Cliron, Charroué, villages entourant Lonny.
Cette charte a été concédée le 26.4.1238 par Nicolas V de Rumigny, qui détenait Château-Porcien. Elle prévoit notamment les dispositions suivantes :
Tenure de 21 verges : 12 deniers (par moitié à Noël et à la Saint-Jean)
Droit de vente : 4 deniers pour l'acheteur, autant pour le vendeur
Droit de vêture : 2 deniers pour l'acheteur
Droit d'afforage (vente de vin) : 1 setier pour la charge d'un chariot, 1/2 setier pour la charge d'une charrette
Droit d'étalage : 1 denier et chaque bourgeois à le droit d'étaler ses marchandises sur la place.
Cf. DEFOURNY La loi de Beaumont, 1864 ; COLLIN La Charte de Beaumont in Revue historique ardennaise, 1977 ; Catalogue des Chartes de franchise de Lorraine, éditions Perrin ; Edouard BONVALOT Le Tiers Etat d'après la loi de Beaumont, 1884.
(3) Selon la loi de Vervins, le cens de prés est de un denier par fauchée.
(4) Redevance des manants qui vont quérir bois de chauffage et de construction.

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