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Un village en guerre (1870)

Merci de respecter ce travail et la mémoire de ma mère, Colette Chopplet-Houdinet, qui en est l'auteur. Ne vendez pas ces informations, citez vos sources si vous utilisez ces documents. Un petit mot pour me faire connaître l'usage ou l'utilisation que vous pourriez en avoir serait aussi le bienvenu.

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"Nach Paris"... (29 septembre - 5 octobre)

L'Empire étant tombé, les députés de Paris ont formé, sous la houlette de Léon Gambetta, dès le 4 septembre, le Gouvernement Provisoire de Défense Nationale et ils ont annoncé des élections pour la Première Assemblée Constituante. Fixées au 2 octobre, elles sont, le 21 septembre, annulées dans les Ardennes. Le Ministre de la Justice explique sa décision au Préfet :
"Regardez votre département comme envahi. Une faible partie étant encore confiée à votre autorité, administrez avec les lois existant actuellement, en attendant que des jours plus heureux remettent la France dans sa grande et patriotique unité".
Les Ardennes subissent en effet une nouvelle fois l'invasion... Mais les Prussiens, dans leur hâte d'investir Paris, ont évité soigneusement d'approcher des forteresses de Mézières et de Rocroi. Le général Von der Thann a même signé un armistice qui doit durer jusqu'au 20 octobre. Lonny est toujours libre !
Alors, on s'empresse de s'organiser, car on imagine mal que les Prussiens puissent en rester là...

29 septembre 1870
Une partie de la Garde Nationale Sédentaire est mobilisée ; tous les volontaires qui n'appartiennent pas à l'armée régulière sont enrôlés, de même que les veufs sans enfants et les célibataires de 21 à 40 ans. Pour les équiper, Lonny verse sa part contributive : 1926, 42 francs. Le village fournit ainsi 12 hommes, auxquels s'ajoutent les 12 de Cliron, 12 de Ham-les-Moines, 24 d'Harcy, 12 d'Haudrecy, 10 de Murtin-Bogny, 9 de Remilly-les-Pothées, 17 de Saint-Marcel, 12 de Sormonne et 13 de Tournes : en tout 133 hommes qui constituent le deuxième groupe de la compagnie de Renwez et qu'on va vêtir d'uniformes (pantalon, tunique à collet et pattes rouges, képi portant le nom du département ou du moins ses initiales). (1)
La commune votera 600 francs, le 9 novembre (2), pour l'habillement de ses hommes et le Capitaine de la Garde Nationale traite avec un commerçant du village, Mr. LECLERC, sauf pour deux Gardes qui s'adressent à Mr. GENON-COCHART, de Renwez. Si ce dernier exécute bien sa commande, il n'en va pas de même pour Mr. LECLERC (3) qui ne finira jamais la sienne, sans comprendre, semble-t-il, que l'uniforme est important, ainsi que le rappelle le Préfet des Ardennes :
"Ce n'est pas une question d'élégance ni de parade : dans les circonstances où nous sommes, des corps appelés à faire un service qui peut les mettre inopinément en face de l'ennemi doivent se reconnaître par l'uniformité de la tenue, comme par l'ensemble des mouvements. L'uniforme est le commencement de la discipline. De plus, en présence d'ennemis qui fusillent les civils trouvés en armes, la question d'uniforme devient, en beaucoup de cas, une question de vie ou de mort, puisque c'est sous l'uniforme que le Garde national jouira des immunités du soldat..."
Lonny devient dès lors centre des exercices qui occupent au moins deux heures chaque jour. Afin de ne pas se laisser surprendre par l'ennemi, des postes de surveillance sont installés aux alentours des villages : il s'agit de former une véritable petite armée locale, apte éventuellement à monter au secours de Paris, assiégé depuis le début d'octobre.

5 octobre 1870
Le Préfet prend un arrêté autorisant, malgré l'interdiction de la chasse ordinaire, la tenderie aux roussettes, puisqu'elle se fait au lacet et sans armes à feu susceptible d'irriter l'ennemi. Mais ce n'est pas pour satisfaire au folklore : "Ces ressources ont, en temps ordinaire, une sérieuse importance pour ces habitants, qui font une sorte d'industrie de la tenderie aux roussettes. Les produits qu'ils en obtiennent leur viennent en aide et leur sont précieux, surtout dans les circonstances actuelles". Car les temps deviennent difficiles : les hommes sont à la guerre, la vie économique du pays est bloquée.

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(1) Est-ce alors qu'on envoie par Mr. DANDRIMONT, les armes de la Garde nationale en réparation à l'arsenal de Rocroi ? (3,75 francs)
(2) Délibérations municipales de Lonny des 9 novembre 1870, 5 août 1873, 11 mai 1875, 5 novembre 1876.
(3) Mr. LECLERC demandera pourtant un prix beaucoup trop élevé, ce qui lui vaudra d'attendre longtemps le réglement de sa facture !

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