Merci de respecter
ce travail et la mémoire de ma mère, Colette Chopplet-Houdinet,
qui en est l'auteur. Ne vendez pas ces informations, citez vos sources si vous
utilisez ces documents. Un petit mot pour me faire connaître l'usage ou
l'utilisation que vous pourriez en avoir serait aussi le bienvenu.
Une maison médiévale
: la maison de Messire Huet
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- La tradition (1)
désigne une maison de Lonny comme relais de la poste aux chevaux.
Le document le plus ancien (selon l'état des recherches) à parler
de cette maison date de 1459 : c'est un dénombrement des propriétés
du seigneur de Lonny, parmi lesquelles figure un petit fief dont l'âme est
cette maison.
Il est dit qu'elle appartenait "jadis" à "Huet de Marigny".
D'autres traditions, d'autres traducteurs d'archives ont lu "Huet de Mangin".
1- Qui était Messire Huet ?
Si on relisait le document original, on y trouverait peut-être "Huet
de Rumigny".
Huet (Hué, Huon) est le diminutif de Hugues.
Il y a eu toute une lignée de Hugues de Rumigny aux XIIè et XIIIè
siècles. Ce nom serait donc plausible. D'autant que les Rumigny avaient
des biens à Sormonne et Harcy... Pourquoi pas à Lonny ?
A quelle époque ?
Le dénombrement de 1459 dit "jadis", donc assez longtemps avant
le Xvè siècle.
2- Une maison-forte sur la route du Ham
Le mot "maison", tel qu'employé dans ce dénombrement de
1459, désigne une maison forte, une ferme d'aspect féodal avec,
éventuellement, des fossés et des viviers.
Une ferm certes, mais confiée à un seigneur, et un seigneur est
un militaire : ce qui revient à dire que la "maison" joue un
rôle défensif et protecteur, en une position souvent stratégique.
Les routes sont jalonnées de ces fermes fortifiées qui assurent
le travail des paysans, l'engrangement des récoltes et les cnvois vers
le château-suzerain.
La maison de Messire Huet
et ses terres étaient bordées par la rue des Cannes, au-delà
duquel commençait la "maison de La Loge-aux-Bois" (2)
: les deux maisons, l'une sur la pente ouest, l'autre sur la pente est, dominaient
à courte distance, la petite vallée que longeait la route menant
du Ham à Montcornet. Nul doute qu'elles avaient une mission de la surveiller.
Cette route du Ham à
Montcornet, aujourd'hui totalement méconnue, figurait encore, partiellement,
sur les cadastres au début du XXè siècle : un chemin, appelé
"route du Ham" (3), partait de
la rue des Cannes vers le sud et, par la Croisette et la Couture Jacques, arrivait
au Ham. Pour le reste du trajet (de Lonny à Montcornet), si on observe
le cadastre de 1811 (le plus ancien qu'on possède), on constate qu'un pré
long et étroit (le lieu est dit le Long Pré) semble continuer la
route du Ham, à partir de la rue des Cannes vers le nord, vers un autre
bout du chemin rescapé du Moyen-Âge, le "chemin de Montcornet"
(4).
N'aurait-on pas là, partiellement redistribuée en prés et
jardins, la vieille route du Ham à Montcornet ?
Pourquoi donc cette route
?
La "villa du Ham" est attestée, au début du XIIè
siècle, comme propriété du seigneur de Montcornet et on avait
tout naturellement établi une route reliant les serfs de la villa du Ham
(5) à leur seigneur de Montcornet.
On aurait pu aller du Ham à Montcornet par Cliron, mais le trajet comportait
la traversée de marécages et de deux ruisseaux. Plus long, le trajet
par Lonny offrait cependant l'avantage d'un gué facile et d'une route solide
que les chariots pouvaient emprunter sans risques : une montée douce et
régulière sur deux kilomètres et demi environ, protégés
par les deux maisons fortes de Lonny et la Loge, puis celle de la bergerie à
l'approche de Montcornet.
3- La maison passe aux seigneurs de Lonny
Avant le XVè siècle, la maison de Messire Huet devient propriété
du seigneur de Lonny et se transmettra désormais dans cette lignée.
S'agit-il d'une donation, d'un achat, d'un héritage ?
Le premier seigneur connu de Lonny est un
cadet de Montcornet qui, après s'être appelé Pierre de Moncornet,
s'appellera Pierre de Lonny.
1/ Hugues de Moncornet
1/1. Guillaume de Moncornet (cité en 1135)
1/1.1. Pierre de Moncornet (fonde le prieuré du Ham en 1161)
1/1.1.1. Hugues de Montcornet (ca 1160-1240)
1X
Béatrice
2X
Yolande de Rumigny
1/1.1.1.1a. Pierre de Montcornet-Lonny (né avant 1203, cité en 1207,
1256, etc.)
Pierre de Montcornet est né avant
1203. On ne le trouve mentionné Pierre de Lonny qu'en 1253 (mais peut-être
y-a-t-il d'autres actes que nous ne connaissons pas encore
)
Il aurait au moins 50 ans donc. S'il prend ce nom, c'est vraissemblablement parce
qu'il s'est construit son château de Lonny (le "Vieux château")
: le nom était attaché au donjon.
Avant cela, il n'avait donc pas de donjon. Et s'il avait eu la "maison de
Huet de Rumigny" ?
Pourquoi aurait-il eu cette maison ?
Un Messire Huet, Hugues de Rumigny, fils de Nicolas III seigneur de Rumigny, décède
en 1225 sans postérité dit-on. Pierre de Montcornet aurait pu acheter
sa "maison" de Lonny et, plus tard, se faire construire un vrai château,
avec donjon, le "Vieux château" de Lonny.
A noter d'ailleurs des liens familiaux entre les Montcornet et les Rumigny : notre
Pierre avait perdu très jeune sa mère, Béatrice. Son père,
Hugues de Montcornet, s'était remarié à Yolande de Rumigny
(qui était-elle ?).
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Notes :
(1) Tradition rapportée par Jean-Laurent
SAINGERY (Mémoires 1832 - Archives privées), par Jean LEPINE (Histoire
du marquisat de Montcornet), par Dom NOËL (Notice historique sur le canton
de Renwez), par des actes notariés. Elle se maintient encore oralement.
(2) Voir le dossier sur la Maison de La Loge
aux Bois (Colette Chopplet)
(3) Cadastres aux Archives départementales
des Ardennes.
Sur le vaste accotement de cette route, au bout de la rue des Cannes, on a établi
un terrain de jeux ; on y installe aussi les stands de la kermesse. Vers 1900,
c'était le paquis des troupeaux d'oies. Plus loin, sur le gué du
ruisseau d'Ormeaux, on a construit (en 1993) une passerelle qui permet en toute
sécurité le passage des promeneurs vers le Ham. On avait failli
oublier l'existence de cette vieille route, tant elle est devenue petit chemin
dans les bois ! Un très fort rétrécissement, dû surtout
à l'époque révolutionnaire qui récupéra ainsi
des jardins, distribués en lots (en 1793) ou à la vente des accotements
après la paix de Nimègue (ex. vente le 5.1.1681 devant le notaire
Mr Lalobbe à Jean Briart de Saint Géry moyennant 16 livres employées
par la commune à la réparation des chemins lors du passage de Louis
XIV après la paix de Nimègue)
(4) Ce chemin de Montcornet, parfois aussi appelé
"chemin de la Croix", est partiellement disparu. Le tronçon restant
ne sert qu'à l'exploitation des terres.
(5) Une villa était un domaine agricole
avec champs, prés, bois et village. Pierre de Montcornet la donna en 1161
aux moines de Saint-Nicaise de Reims pour y installer un prieuré.
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