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Le relais de la Poste aux chevaux

Merci de respecter ce travail et la mémoire de ma mère, Colette Chopplet-Houdinet, qui en est l'auteur. Ne vendez pas ces informations, citez vos sources si vous utilisez ces documents. Un petit mot pour me faire connaître l'usage ou l'utilisation que vous pourriez en avoir serait aussi le bienvenu.

Une maison médiévale : la maison de Messire Huet

4- Le fief en 1459

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Quand le seigneur de Montcornet fait le dénombrement de ses propriétés en 1459 (1), il cite, entre autres biens, confiés en fiefs à son vassal Jacques de Villers, seigneur de Lonny :
"Une maison, grange avec les courtils appartenant à icelle, séant audit Lonny, qui jadis furent à Huet de Marigny. Peuvent valoir par an, à croit et à décroit, 40 sols parisis.
Un autre courtil devant la maison, et un autre appelé le Chaufour. Peuvent valoir par an, à croit et à décroit, environ 4 muids de grain, moitié blé, moitié avoine.
Environ 55 jours de terre sarables et 10 fauchées de prés, appartenant à ladite maison."

Ainsi, la maison a sa grange, où s'entreposent les récoltes. Elle a ses courtils, espaces fermés de fortes palissades ou de murs pour protéger le jardin potager et la volaille (2). C'est une petite ferme céréalière (1 ha de terres cultivées) qui nourrit ses bêtes (bœufs et chevaux) avec 4 ha de prés.
Le fermier se double d'un industriel : il exploite un four à chaux. Le lieu-dit le Chauffour existe encore (3), mais il n'est plus "courtil", c'est-à-dire que sa clôture a disparu. On peut penser qu'il s'agissait de protéger le bassin de chaux vive, extrêmement dangereux… L'eau du ruisseau tout proche servait à éteindre l'endroit où la lourde "pile" écrasait le calcaire.

On peut encore aujourd'hui voir le Moyen-Age dans le bâtiment principal de la maison (4) : une grosse et solide tour carrée avec toit à quatre pans, des murs épais d'un mètre et dans lesquels les fenêtres, fort étroites, ont gardé des allures de meutrières. Une ouverture, devenue porte, est d'ailleurs en biais ainsi qu'on orientait certaines meurtrières qui surveillaient les entrées.
La façade nord de la tour telle qu'elle devait être selon les traces actuelles.
Sans doute, le mur de façade était-il plus haut et fermé d'une lourde porte. La meutrière en biais que nous avons remarquée est dirigée droit sur cette entrée.

La grand-salle, qui occupe tout le rez-de-chaussée de la tour, mesure 6 mètres sur 7. Ses plafonds sont à 3,20 mètres de hauteur, soutenus par d'énormes poutres de 40 à 50 centimètres de côté. Une grande cheminée de pierre, de 2,50 mètres de largeur environ, dont la tablette domine à 1,80 mètres, occupe le centre d'un mur aveugle.

De belles caves voûtées existent, dont la tradition affirme qu'elles sont l'amorce de souterrains conduisant à Montcornet (5).
Qu'en croire ? Peut-être faut-il seulement y voir le souvenir du lien qui existait entre le château de Montcornet et cette maison appartenant probablement à un cadet de Montcornet.

Le mot maison, tel qu'employé dans le dénombrement de 1459, désigne une maison-forte, une ferme d'aspect féodal avec éventuellement fossés et vivier. C'est bien ce qu'évoque la maison de Lonny.
On peut penser qu'au temps de Messire Huet (XIIIè siècle ?), elle jouait le rôle d'un véritable château fort (6) : les bâtiments ont été établis en un point plus élevé, comme pour former une "haute cour" (celle où se trouvait l'habitation seigneuriale selon la coutume médiévale). Une autre cour, limitrophe et entourée dun mur, se situe en contrebas : la "basse-cour" qui acueillait la population villageoise en cas de danger.

Les seigneurs de Lonny restèrent propriétaires de cette ancienne "maison de Messire Huet" jusqu'à au moins 1619 où ils sont encore mentionnés comme tel dans le dénombrement.
En 1665, elle est habitée par Jacques GRIDAINE et sa femme Marie COLASSE (sont-ils propriétaires ou fermiers ?)
En 1667, les DROUART l'occupent. Et Jean Laurent SAINGERY, qui donne le renseignement, précise que "la maison était alors sans terre". (7)
Le 17 janvier 1727, Jean Baptiste DUPEYRE achète la maison, qui devient relais de la poste aux chevaux.

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Notes :
(1) Archives départementales des Ardennes
(2) Qu'on relise le "roman de Renard" : "le courtil était bien enclos de pieux de chêne, aigus et gros. Il était bordé d'épines. C'est là que Constant avait mis ses volailles, comme en une forteresse"
(3) Situé le long du "chemin du Chauffour", qui grimpe entre les deux ruisseaux de la Goulotte et des Prés-d'en-Bas.
(4) Nous remercions chaleureusement les propriétaires M. et Mme. Demely (+) qui nous ont courtoisement fait visiter leur maison, de la cave au jardin, qui nous ont permis de mesurer, de photographier, et qui nous ont apporté de multiples détails.
(5) Il faut rester prudent devant ces souterrains traditionnellement attachés aux souvenirs féodaux. Tout près de là, on signale une maison avec trois "souterrains anciens" dont on dit que l'un allait à Montcornet, le second au château de Bérulle au Tremblois, le troisième sur le côté peut-être au château d'Hardoncelle. Cette maison a été construite en 1856, et ces "souterrains" qui servent aujourd'hui de fosses d'aisance, devaient plus probablement être les caves voûtées de cette grosse maison bourgeoise…
(6) Peut-être a-t-elle été le premier château-fort de Lonny, à l'époque où les Rumigny en auraient été seigneurs ? Peut-être même doit-on y voir la survivance, en pierre, d'une antique villa gallo-romaine de torchis et colombage, celle de Lunins dont le domaine Luniacum est devenu Lonny…
(7) Acte de naissance du 15 janvier 1667, de Louise GRIDAINE, fille de Jacques et Marie COLASSE. Le parrain est Messire de Bournonville seigneur de la Loge-aux-Bois, qui habite le Petit-Château, et la marraine est Mademoiselle DROUART.
Commentaires de Jean Laurent SAINGERY sur la copie annotée et additionnée de notices biographiques qu'il a faite des registres paroissiaux (Archives communales de Lonny).

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